J'ai commencé le vélo électrique en 2013 pour me rendre au travail, avec un Moustache Friday. Tel un dealer expérimenté, le vélociste me l'avait prêté pour faire un aller-retour domicile-travail. Le lendemain, le vélo était à moi ! A l'époque, nous étions peu nombreux à arpenter les rues de Lyon avec de telles machines... Bien sûr cela nous valait d'être qualifiés de "tricheurs" et de "fainéants". Et la question habituelle était : "Il faut pédaler quand même ?". Aujourd'hui, les pistes cyclables lyonnaises sont envahies de VAE, et même les cyclistes chevronnés ne jurent que par ça pour se rendre au travail ! Normal : ça reste une activité physique, on peut la pratiquer tous les jours sans être lessivé pour la sortie du dimanche et pas besoin de se doucher en arrivant au boulot.
Et évidemment, quand on pratique le VAE, on se ne peut s'empêcher de se dire qu'un VTT électrique, ça doit être le pied dans les chemins...
Mais être traité de "tricheur" et de "fainéant" à longueur de journée génère un sentiment de culpabilité tel qu'on n'ose pas essayer de VTT AE, car on sait qu'on va forcément craquer puis passer pour un touriste en arrivant avec à la prochaine sortie club ! Et je pense que ce sentiment est partagé par de nombreux VTTistes qui se cherchent de fausses bonnes raisons de ne pas franchir le pas : "C'est trop cher" (alors qu'on trouve des VTT AE au prix de la plupart des VTT musculaires rencontrés sur les chemins), ou "J'en prendrai un quand je serai vieux" ou évidemment, "je ne suis ni un tricheur, ni un fainéant"...
Cependant, en y réfléchissant bien, l'esprit du VTT en randonnée est de se faire plaisir, de découvrir de nouveaux sentiers, d'avoir de bonnes sensations dans le technique. L'objectif n'est pas tant la performance sportive que le plaisir de rouler à son rythme ! Pourtant, on se met la pression pour des sorties toujours plus longues, avec plus de dénivelé; on s'énerve parce qu'on n'a pas réussi à passer là où les copains sont passés. On se surprend même à surveiller ce qu'on mange la veille d'une sortie, et on s'oblige à aller rouler quand on n'a pas envie de peur de perdre sa condition physique et de régresser. Que reste-t-il alors du plaisir de rouler ?
Et puis, quand on y pense, un tricheur est quelqu'un qui ne respecte pas une règle, il ne me semble pas qu'il en existe une interdisant l'usage d'une assistance électrique pour se faire plaisir. Quant au fainéant, il reste dans son lit le dimanche matin (ce qui n'est pas une honte non plus). Alors pourquoi attendre d'être vieux pour s'amuser ?
Dès lors, le sentiment de culpabilité ne tient plus très longtemps, et on ressort du magasin avec un Moustache Samedi !!! Et, dès les premiers tours de roue, on ne regrette qu'une chose : ne pas avoir déculpabilisé plus vite et craqué plus tôt. Les bonnes sensations du VTT sont toujours là, mais plus les mauvaises. Finies les interminables montées techniques dont on ne profite pas tellement on lutte pour rester le plus longtemps possible sur le vélo. Avec une assistance, la belle montée on la savoure comme une descente, on se concentre sur la technique, et elle se termine trop tôt !! Evidemment, un VTT AE permet de faire des sorties plus longues, plus engagées et plus souvent. En cas de relent de culpabilité en pleine sortie, pas de panique, il y a le mode éco...Vive le VTT décomplexé 100% plaisir !
Et bien sûr, rien ni personne ne nous empêche de reprendre son VTT classique de temps en temps, on ne l'apprécie que mieux puisqu'on a choisi d'en baver ce jour là !
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